Pour un cabinet-conseil, l’exploitation des migrants est désormais un risque majeur pour les entreprises

A de nombreuses reprises, la présente lettre d’information a souligné combien les populations migrantes étaient exposées à des pratiques d’exploitation extrêmes (qui pouvaient aller jusqu’à l’esclavage) par des employeurs peu scrupuleux, parfois sous-traitants de grandes sociétés internationales ayant pignon sur rue. La société de conseil britannique Verisk Maplecroft vient de publier une étude destinée à sa clientèle, dans laquelle elle analyse les dix problématiques relatives aux droits humains les plus significatives pouvant affecter la bonne marche des affaires. A la lueur de scandales récents, mais aussi du développement de nouvelles réglementations touchant à la question de l’esclavage moderne ou à celle des minerais issus de conflits, le rapport montre que l’emploi de migrants et de réfugiés dans la chaîne d’approvisionnement constitue, pour 2016, un enjeu clé pour les entreprises. Verisk Maplecroft s’attend à ce que cette problématique soit l’objet d’une attention accrue de la part des acteurs de la société civile et donc que le risque de réputation soit augmenté pour les entreprises, celles-ci lui paraissant actuellement insuffisamment préparées (manque d’information sur les conditions de travail dans la chaîne d’approvisionnement, surveillance inadaptée des fournisseurs…).

Cette étude coïncide avec une tribune parue récemment dans la presse et émanant de plusieurs associations et syndicats, qui demandent au gouvernement français de remettre à l’ordre du jour des travaux de l’Assemblée nationale la proposition de loi relative au devoir de vigilance des sociétés mères et entreprises donneuses d’ordre. Le 29 février, le député socialiste Bruno Le Roux a annoncé que le texte était inscrit pour le 24 mars. Cette proposition de loi, adoptée une première fois par l’Assemblée en mars 2015, puis vidée de son contenu par le Sénat, fait l’objet d’une intense action de lobbying de la part de certaines organisations patronales, qui y voient un risque pour la compétitivité des entreprises françaises. Cet argument est récusé par d’autres acteurs économiques, comme la finance socialement responsable, par l’intermédiaire de son association de place, le Forum pour l’investissement responsable (FIR), qui, à l’inverse, voit dans les plans de vigilance un moyen efficace pour permettre aux entreprises « de mieux maîtriser leurs risques juridiques et réputationnels ». Thèse que semble confirmer l’étude de Verisk Maplecroft.