Et maintenant ?

Rien n’était gagné d’avance. Quelques semaines avant l’ouverture de la conférence, les dissensions étaient encore très nombreuses lors de la session de négociations qui s’était déroulée en octobre à Bonn. Mais, pour l’essentiel, la presse internationale salue l’accord de Paris. Tout n’est pas parfait, loin de là. L’accord n’est, par exemple, pas si contraignant que cela puisqu’il repose sur des contributions volontaires et qu’aucune sanction n’est envisagée. Mais souvenons-nous que les menaces de sanctions avaient notamment conduit les Etats-Unis à ne jamais ratifier le Protocole de Kyoto et le Canada à en sortir en 2011. La tarification du carbone, appelée de ses vœux par une partie de la communauté économique, est par ailleurs à peine mentionnée. Mais encore aurait-il fallu se mettre d’accord sur un prix juste et efficace pour atteindre l’objectif.

 

Savourons toutefois un moment qui n’est pas si fréquent, surtout dans les différents contextes actuels, et reconnaissons qu’on n’aura jamais autant parlé du climat, assisté à autant d’initiatives, qu’elles émanent des Etats, des collectivités, des entreprises, des financiers, des associations ou des syndicats. Même si certaines de ces initiatives ont été un peu tardives à s’exprimer. Selon l’accord, l’ensemble des nations entend contenir “l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et [à poursuivre] l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C”. Le niveau des ambitions individuelles peut donc désormais être légitimement revu à la hausse sur la base d’un objectif visant à limiter l’augmentation des températures à 1,5 °C. Par ailleurs, pour compléter les ressources financières des pays en développement, l’accord “fixe un nouvel objectif chiffré collectif à partir d’un niveau plancher de 100 milliards de dollars par an”. Il conviendra de ne pas laisser le temps éroder ces deux termes (“nettement” et “niveau plancher”) qui répondent aux aspirations de la communauté internationale et ont été validés par la signature de 195 Etats.

 

Mais le plus dur reste à faire. Car, en définitive, il ne s’agit que d’un accord. Et ce qui compte, dans un accord, c’est sa mise en œuvre et les résultats qui en découlent. Or, pour l’instant, sur la base des contributions nationales formulées avant la conférence par les différents Etats (INDC), la trajectoire d’augmentation de la température moyenne tourne plutôt aux alentours de 3 °C. Il va donc falloir fournir un effort collectif significatif pour réduire le différentiel et négocier encore davantage pour répartir équitablement la tâche, car il y a fort à parier que tous les acteurs n’accepteront pas de bonne grâce de prendre leur part. Par ailleurs, en dépit des précautions prises dans l’accord pour s’assurer de la réalité des chiffres qui seront annoncés par les parties, la mesure des émissions demeure sujette à de nombreuses imprécisions (volontaires ou non). Il reste donc une multitude de défis à relever pour tous ceux qui aspirent à aller dans le sens de l’histoire commune, y compris pour les acteurs de la société civile, les collectivités, les entreprises et les financiers (les “entités non parties”), dont la participation est d’ailleurs sollicitée par l’accord de Paris. Et maintenant ? Eh bien, au travail !