Les ouvrières et les ouvriers bangladais du secteur textile se révoltent contre les propositions salariales du patronat

Un peu partout dans le monde, les travailleurs réclament des augmentations de salaires pour compenser les difficultés consécutives à la crise sanitaire et aux poussées inflationnistes. La succession de ces événements a eu des répercussions particulièrement négatives sur les plus bas salaires et dans les pays en développement.

Le Bangladesh est le deuxième exportateur de vêtements vers l’Union européenne, juste derrière la Chine. Dans ce pays, le salaire minimum pour le secteur textile est de 8 300 takas par mois (71 euros). Il représente environ 20 % du revenu de subsistance, d’après les organisations spécialisées. À la suite de la demande des syndicats, le gouvernement a révélé le 10 avril 2023 la formation d’un conseil du salaire minimum (Minimum Wage Board) en vue de proposer une réévaluation du salaire minimum. Les représentants des travailleurs revendiquaient un relèvement de cette rémunération mensuelle à 23 000 takas.

Fin octobre, l’Association des fabricants et exportateurs de vêtements du Bangladesh (BGMEA) a suggéré une augmentation de 25 %, ce qui est très inférieur aux attentes. De violentes manifestations et des affrontements avec la police ont suivi cette annonce, le 30 octobre, notamment à Gazipur, la principale ville industrielle du pays. Les autorités font état d’une quarantaine d’usines endommagées, dont une incendiée, et de deux morts.

Des associations, comme la Clean Clothes Campaign (CCC), font remarquer que la plupart des grandes marques de vêtements et des enseignes de la grande distribution restent silencieuses face aux revendications des organisations syndicales, et ce, malgré leurs engagements en faveur d’un salaire décent inscrits dans leurs codes de conduite.

Le collectif Ethical Trading Initiative (ETI) réunit quelques entreprises incriminées par la CCC ainsi que des ONG et des organisations syndicales internationales. Le 31 octobre, ETI a indiqué par voie de communiqué qu’elle soutenait « les revendications légitimes des travailleurs et des syndicats locaux en faveur d’une augmentation du salaire minimum, qui est actuellement bien inférieur à l’inflation et à la hausse du coût de la vie ». Le directeur exécutif d’ETI, Peter McAllister, a ajouté que « les travailleurs ont le droit d’exiger un salaire minimum plus élevé. […] Le salaire actuel d’environ 60 livres par mois ne permet pas cela. ETI se joint aux appels en faveur d’un salaire décent, fixé dans le cadre d’un processus collaboratif et inclusif qui évite toute forme de violence. » Il reste à savoir si cette mobilisation sous forme de déclaration sera efficace.