Le monde est à la veille d’une crise majeure de l’eau, il devient urgent d’agir

Le 13 mars, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a publié la situation des nappes phréatiques en France au 1er mars 2023. Cet état fait ressortir que leur niveau reste sous les normales, avec 80 % des niveaux modérément bas à très bas. Ce constat s’inscrit dans un contexte où globalement, les réserves d’eau souterraines s’amenuisent dans l’Hexagone. Malgré cette situation qui ne s’observe pas qu’en France, les informations sur l’eau contenues dans les rapports extra-financiers des grandes entreprises françaises sont, de manière générale, encore beaucoup trop ténues. Il est particulièrement rare de disposer de détails concernant l’impact des activités des firmes sur les eaux souterraines des sites où elles sont implantées, que ce soit en France ou à l’international.

Du 22 au 24 mars 2023, les Pays-Bas et le Tadjikistan vont co-organiser à New York la Conférence des Nations Unies sur l’eau. Ce sera la première fois en plus de 40 ans que l’ONU se réunit pour aborder le problème de l’eau. Les précédentes tentatives avaient été contrariées par les gouvernements réticents à accepter toute forme de gouvernance internationale de la ressource hydrique. À cette occasion, la Global Commission on the Economics of Water a publié deux rapports alarmistes sur la situation de l’eau dans le monde : Turning the Tide et The What, Why and How of the World Water Crisis. Ces documents font ressortir que le monde est confronté à une crise de l’eau imminente. La demande en eau douce devrait dépasser les capacités d’approvisionnement de 40 % d’ici la fin de la décennie. Les nations doivent commencer à gérer l’eau comme un bien commun mondial.

Les gouvernements doivent cesser de surutiliser l’eau en distribuant des subventions agricoles mal orientées. De leur côté, les industries doivent revoir leurs pratiques et réduire le gaspillage. Les rapports énoncent une série de recommandations. Ils préconisent notamment une augmentation des investissements dans la gestion de la ressource hydrique, une tarification appropriée de l’eau et l’établissement de « partenariats pour une eau juste » afin de lever des fonds pour des projets dans les pays en développement.

Les fuites d’eau doivent également être traitées de toute urgence. Pour information, en 2021, Veolia affichait un rendement de ses réseaux d’eau potable dans le monde (volumes d’eau potable consommée rapportés aux volumes d’eau potable produite) de 75,6 % et un objectif de 75 %. En ce qui concerne l’action des pouvoirs publics et des institutions, les rapports invitent aussi à restaurer les systèmes hydriques tels que les zones humides. Ils exhortent également à revoir les réseaux d’égouts dans les pays développés qui utilisent de l’eau potable pour transporter les excréments, l’urine, l’azote, le phosphore…