La Corée du Sud va (timidement) sanctionner les entreprises qui s’adonnent à l’écoblanchiment. Un début…

La lutte contre le greenwashing climatique poursuit (tranquillement) sa route. Un peu partout dans le monde, les législations et les actions juridiques visent les sociétés qui se prévalent faussement d’une démarche en faveur du climat. La Corée du Sud n’est pas particulièrement proactive sur la question climatique. Mais le 17 février 2023, le ministère sud-coréen de l’Environnement a annoncé qu’un projet de loi, en vertu duquel une amende pourrait être appliquée aux firmes qui trompent le public quant à leurs impacts environnementaux, était en construction.

Le régulateur coréen peut déjà infliger une amende pour greenwashing aux entreprises, mais il doit suivre un mécanisme complexe pour déterminer le montant de la sanction. Cette loi devrait faciliter le processus. Cette décision fait suite à une série d’avertissements adressés par le ministère de l’Environnement aux principales sociétés énergétiques et sidérurgiques du pays pour leur recommander d’adopter une publicité fondée sur des preuves et des éléments factuels. Le montant maximal de l’amende reste cependant très faible (3 millions de wons, soit 2 160 euros).

Néanmoins, il s’agit là d’un premier pas, selon l’association écologiste sud-coréenne Solutions for Our Climate (SFOC). Quelques mois auparavant, le 27 octobre 2022, cette organisation avait annoncé qu’elle poursuivait en justice la société de négoce international de pétrole brut et de produits pétrochimiques SK Lubricants (aujourd’hui SK Enmove). L’association reprochait à l’entreprise de déclarer que ses lubrifiants étaient neutres en carbone grâce à des compensations de haute qualité, et que les consommateurs pouvaient se joindre à ses efforts de réduction de CO2 en utilisant ses produits. Cette affaire n’est pas sans rappeler les actions engagées aux Pays-Bas contre KLM et Shell.

Les crédits carbone de SK Lubricants, certifiés par Verra, provenaient du projet de reboisement Guanaré en Uruguay. Les images satellites ont montré qu’il s’agissait de plantations industrielles d’eucalyptus destinées à la production de pâte à papier. Par ailleurs, alors que la firme indiquait dans ses supports marketing que ce projet absorberait 7,8 millions de tonnes de gaz à effet de serre, elle n’a en réalité acheté des crédits carbone issus de ce projet de reforestation que pour un volume équivalent à 115 tonnes de CO2.