Des chercheurs remettent en cause les calculs d’émission de GES du géant mondial de la viande, le brésilien JBS

La société brésilienne JBS est le plus gros producteur mondial de viande. Elle produit l’essentiel de sa viande au Brésil, dans d’autres pays d’Amérique du Sud et aux États-Unis. L’organisation de recherche à but non lucratif américaine IATP (Institute for Agriculture and Trade Policy) a publié le 20 avril 2022 une étude sur les émissions de GES de la chaîne de valeur de JBS. Le document montre que ces rejets sont probablement de 51 % plus élevés qu’ils ne l’étaient en 2016. Or, en août 2021, la firme a affiché sa volonté d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2040 et de se fixer, pour y parvenir, des objectifs intermédiaires en conformité avec des bases scientifiques.

Plusieurs critiques ont été faites lors de l’annonce de l’entreprise en août 2021. On lui a tout d’abord reproché d’exclure, dans un premier temps, ses émissions de scope 3. On l’a aussi accusée de s’être fixé des objectifs de réduction en « intensité » plutôt que sur une base absolue. Ces deux postures dérogent aux principes qui permettent de bénéficier d’une approbation scientifique.

Les travaux de l’IATP s’appuient sur le modèle GLEAM de la FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture). Selon ses calculs, le groupe aurait généré – sur l’ensemble de ses opérations et de sa chaîne de valeur – 421,6 millions de tonnes de GES en équivalent CO2 en 2021. Ce chiffre est supérieur aux émissions annuelles de l’Italie pour 2020. Les chiffres officiels de JBS pour 2021 n’ont pas encore été publiés. Toutefois, ceux de l’année 2020 font ressortir un volume d’émissions global de cent vingt-trois millions de tonnes en équivalent CO2. Ce qui est très loin des calculs de l’IATP pour 2021. L’entreprise se défend en disant que le rapport « utilise une méthodologie erronée et des données grossièrement extrapolées pour faire des déclarations trompeuses ». Elle a cependant précisé qu’elle continuerait à améliorer son reporting.

Pour les auteurs de l’étude, il s’agit clairement de greenwashing. Ils soulignent par ailleurs que de telles « approximations » pourraient ruiner les engagements de neutralité carbone des sociétés de gestion qui investissent en titres JBS ou des firmes qui s’approvisionnent auprès du géant mondial de la viande.