Les émissions d’obligations vertes explosent, les réserves quant à leur qualité aussi

Le 21 octobre, l’organisation internationale Climate Bonds Initiative a annoncé que le montant des obligations et des prêts « verts » émis dans le monde depuis le début de l’année avaient dépassé 200 milliards de dollars. Mais le succès de cette catégorie de produits financiers (en 2015, le montant des émissions était inférieur à 50 milliards de dollars) alimente aussi les critiques, y compris dans le monde financier. Les observateurs sont de plus en plus nombreux à qualifier les green bonds de greenwashing.

La révélation, en août dernier, que les institutions financières chinoises avaient accordé au moins un milliard de dollars de financement « vert » à des projets liés au charbon au cours du premier semestre de l’année conforte cette idée (IE n° 306), tout comme les obligations « vertes » émises ce mois-ci pour un montant de 125 millions de dollars par la société Teekay Shuttle Tankers pour financer partiellement la construction de quatre nouveaux pétroliers sobres en énergie. Pour Johan Torgeby, le président-directeur général de SEB, la banque suédoise qui coordonne l’opération, même s’il ne s’agit sans doute pas d’un « vert foncé », comme le souhaiteraient les militants écologistes – qui ne voient pas dans ce projet une avancée permettant de réduire les émissions de carbone –, ces obligations peuvent aider les entreprises à adopter une attitude plus propre.

Cela étant, des institutions, comme le FMI, affichent leurs inquiétudes et affirment qu’il est nécessaire de normaliser et de classifier ce qui est durable et écologique. De même, dans un communiqué du 16 octobre, l’autorité britannique de régulation du secteur financier, la Financial Conduct Authority, a déclaré qu’elle avait constaté que la dénomination « durable » était attribuée à une très large gamme de produits, dont certains ne semblaient pas présenter une exposition sensiblement différente de ceux qui n’étaient pas commercialisés comme tels. Aussi a-t-elle précisé qu’elle s’emploierait à décourager le greenwashing et à faire en sorte que les consommateurs puissent évaluer si un produit est véritablement « vert ».