Rendre compte, et après ?

Peu à peu, les pays adoptent des réglementations pour obliger les entreprises à rendre compte de leurs impacts sociaux et environnementaux. C’est une bonne chose, pour peu que l’on prenne la peine d’analyser avec discernement le contenu des rapports et que l’on questionne sans réserve leurs auteurs. Mais la lenteur des initiatives, une certaine nonchalance dans leur mise en œuvre et les délais résultant des inévitables ajustements suscitent des frustrations, des dépits. Ainsi le Forum citoyen pour la RSE vient-il de quitter la Plateforme RSE après y avoir siégé depuis ses débuts en 2013. Greenpeace publie une nouvelle étude sur les ambitions de TotalEnergies dans le pétrole et le gaz. Mais malgré l’opposition de nombreuses organisations à travers le monde, son « projet EACOP » (Ouganda, Tanzanie) se poursuit. Les parties impliquées viennent d’ailleurs d’annoncer l’acheminement d’un premier lot de conduite pour l’oléoduc ainsi qu’un possible accord de prêt entre l’Ouganda et la China Export and Credit Insurance Corp d’ici avril 2024. Au mois de septembre, l’association Bloom affirmait que la moitié du thon « durable » certifié MSC était capturée avec des engins controversés et alertait la grande distribution à ce propos. Le 9 octobre, le projet Outlaw Ocean et le New Yorker ont dévoilé des preuves de violations des droits humains au sein de l’industrie chinoise de produits de la mer, notamment le recours au travail forcé des Ouïgours. À nouveau, la grande distribution mondiale a été interpellée… Les controverses ne manquent décidément pas.