Des salariés du géant de la technologie Salesforce demandent à sa direction de couper toute relation commerciale avec la NRA

Salesforce est un éditeur de logiciels créé en 1999, dont le siège social est situé à San Francisco. Le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 26 milliards de dollars au cours de son dernier exercice fiscal. Le 25 mai 2022, certains de ses employés ont diffusé une lettre en interne pour réclamer aux deux co-P.-D.G. de la société, Marc Benioff et Bret Taylor, de mettre fin aux relations commerciales de leur entreprise avec son client, la National Rifle Association (NRA). Cette organisation est connue pour défendre âprement le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis qui garantit le droit des citoyens à détenir et à utiliser des armes à feu.

Cette lettre est parue au lendemain de la fusillade dans une école primaire d’Uvalde (Texas) qui a causé la mort de 19 enfants et de 2 enseignants. Le 26 mai, elle réunissait plus de 4 000 signatures. Elle a également été envoyée à la directrice financière, Amy Weaver, et à la directrice du marketing, Sarah Franklin.

Elle commence par une citation de la poétesse Amanda Gorman : « Il faut un monstre pour tuer des enfants. Mais regarder des monstres tuer des enfants encore et encore, et ne rien faire n’est pas seulement de la folie, c’est de l’inhumanité. » Le texte rapporte également une phrase prononcée le 25 mai par Marc Benioff au cours d’une interview sur CNBC à propos de la violence armée : « Nous devons évidemment faire quelque chose… Nous devons agir directement» La missive explique comment le logiciel de gestion de la relation client de Salesforce est exploité par la NRA pour dynamiser ses efforts de marketing et de collecte de fonds. Elle souligne qu’il « est inadmissible d’envisager l’utilisation de Marketing Cloud [par la NRA] pour tirer parti des fusillades de masse ».

Marc Benioff est l’un des dirigeants d’entreprise technologique les plus francs de la Silicon Valley et de la Bay Area. Il a soutenu l’augmentation des impôts sur les entreprises technologiques pour aider les personnes sans logement – bien que sa société ait aussi été accusée de ne pas payer d’impôts fédéraux sur les bénéfices – et a exprimé son soutien aux personnes LGBTQ+ et au droit à l’avortement. En 2019, la firme a cessé de travailler avec certains fournisseurs qui vendaient en ligne des armes semi-automatiques et des armes à feu imprimées en 3D. Elle a ensuite mis à jour sa politique de services pour faire respecter cette interdiction. Marc Benioff a également été à plusieurs reprises catégorique sur son soutien envers le contrôle des armes à feu.

De leur côté, les employés du géant de la technologie se sont déjà prononcés publiquement contre l’entreprise ces derniers mois. En début d’année, plus de 400 d’entre eux ont signé une lettre pour s’opposer à l’entrée de Salesforce sur le marché des NFT (non-fungible token, jeton non fongible). Dans sa politique d’utilisation éthique, le groupe déclare que la sécurité est l’un de ses principes directeurs : « Nous visons à protéger les êtres humains contre les dommages directs résultant de l’utilisation de notre technologie. »