Plusieurs organisations, dont l’entreprise Patagonia, portent plainte contre un projet d’exploitation forestière en Californie

Fin mai 2020, l’administration Trump a présenté un projet d’exploitation forestière et de débroussaillage d’environ 300 hectares au sommet de Pine Mountain et de Reyes Peak, dans la forêt nationale de Los Padres (Californie). Le territoire est situé sur les terres ancestrales du peuple Chumash ; plus d’un tiers se trouve dans un espace protégé, exempt de routes, et n’a encore été dégradé par aucune exploitation forestière ni aucune autre activité industrielle. Le reste de la zone est candidat pour être couvert par la future loi sur la protection du patrimoine de la côte centrale (Central Coast Heritage Protection Act, H.R. 2199), en attente d’approbation finale par le Sénat.

La zone accueille des activités de loisir et constitue un habitat essentiel pour le condor de Californie, actuellement en voie de disparition. On y trouve d’autres espèces sensibles (chouette tachetée de Californie, autour des palombes, deux espèces de chauves-souris), des plantes rares, des forêts de conifères anciennes, des écosystèmes uniques (étendues de « chaparral ») et des sites culturels sacrés. Le Service forestier des États-Unis n’a accordé qu’une seule phase de commentaires au public pour exprimer ses préoccupations avant d’approuver le projet en octobre 2021.

Plusieurs organisations ont déposé plainte le 27 avril 2022 devant le tribunal du district central de Californie, à Los Angeles. Elles invoquent des violations de la loi sur la politique environnementale nationale, du règlement sur la préservation des zones sans routes, de la loi sur les espèces en voie de disparition et de celle sur la gestion des forêts nationales. De plus, elles affirment que le Service forestier a failli à son obligation de consultation des parties prenantes. En effet, le projet a été approuvé malgré l’objection des élus locaux, des dirigeants autochtones, des scientifiques, de plus de 30 firmes de la région, de 70 organisations environnementales et de justice sociale, et de 15 000 citoyens.

Les plaignants réunissent plusieurs associations, la ville d’Ojai, le comté de Ventura, mais aussi la société de vêtements techniques écoconçus Patagonia, dont le siège social est situé à Ventura, à près de 90 kilomètres du site. Pour Hans Cole, responsable de l’activisme environnemental de Patagonia, la région de Pine Mountain est importante pour les salariés et les clients du groupe grâce aux possibilités de loisirs en plein air qu’elle offre, notamment l’escalade, la randonnée et le camping. Mais elle est également remarquable pour les conifères anciens ainsi que les habitats diversifiés et uniques qu’elle recèle. Même si elle n’est pas exempte de tout reproche, l’entreprise est connue pour ses prises de position publiques et son soutien assumé envers l’activisme écologiste. Elle montre de cette manière qu’une société dont le chiffre d’affaires avoisine le milliard de dollars peut tout à fait s’afficher ouvertement avec des associations militantes.