Teleperformance suivie de près par les ONG, les syndicats et la communauté financière

La société française Teleperformance est le leader mondial des centres de relation clients. Employant plus de 300 000 salariés dans le monde, l’entreprise n’est en revanche pas considérée par le monde syndical comme un modèle en matière de politique sociale. Le 18 juillet dernier, la fédération syndicale internationale Uni Global Union et l’ONG française Sherpa ont mis Teleperformance en demeure de renforcer d’ici à trois mois son plan de vigilance et ses procédures destinées à identifier et prévenir les atteintes graves aux droits humains et aux libertés fondamentales – un dispositif que les deux entités jugent pour l’heure très insuffisant –, et ce en y associant les organisations syndicales. Si à l’issue de ce délai, l’entreprise ne répond pas positivement à la demande, les organisations la menacent de saisir la justice pour la contraindre à se mettre en conformité avec la loi française.

Uni Global Union et Sherpa appuient leur démarche sur un document publié récemment par Uni Global Union qui met en évidence de « graves atteintes des droits humains et syndicaux commises dans les centres d’appel délocalisés en Colombie qui desservent le marché espagnol » (test de grossesse, salaire ne correspondant pas au minimum légal, entrave à la liberté syndicale…) et qui n’ont, à l’évidence, été ni décelées ni évitées par le plan. Teleperformance est également scrutée par la communauté financière, notamment par la finance responsable. En avril 2019, le Forum pour l’investissement responsable (FIR) a publié une note réalisée par le cabinet Syndex qui met en évidence l’inconsistance du plan de vigilance communiqué par l’entreprise. Cette affaire pose la question du niveau de détail nécessaire pour la description des plans publiés par les entreprises et celle de l’efficacité de ces plans. Mais elle interroge aussi sur le rôle joué par les grands groupes clients de Teleperformance soumis, pour certains d’entre eux, à la loi française de mars 2017 sur le devoir de vigilance et qui doivent publier un plan couvrant les activités de leurs sous-traitants.