Même si le phénomène est encore trop lent, la finance se retire bel et bien du charbon

Dans une lettre datée du 12 mai et adressée à l’association écologiste Les Amis de la Terre France, la société financière Rothschild & Co a annoncé qu’elle renonçait à conseiller l’entreprise indienne Adani dans le financement et le développement du très controversé projet de mine de charbon Carmichael dans l’Etat du Queensland en Australie (voir IE). Cette annonce n’a toutefois pas ému l’ONG, qui lui a réitéré sa demande de renoncer à toute activité de conseil dans le cadre de transactions liées à des actifs charbonniers. Pour autant, le mouvement de retrait du secteur du charbon est une réalité.

Pour preuve, l’intervention de Phakamani Hadebe, le directeur exécutif du principal énergéticien sud-africain, Eskom. Lors de l’ouverture de l’African Utility Week, le 14 mai, à Cape Town, il a en effet déclaré : « La tendance sur les marchés financiers est que vous voyez de moins en moins d’investisseurs souhaitant encore financer les combustibles fossiles. » Cet aveu est assez révélateur de la part du dirigeant d’une entreprise dont 83 % de l’électricité provient encore du charbon et dont les difficultés financières et éthiques semblent en partie résulter de cette situation. Lors de cette session d’ouverture, il a également reconnu que parmi les quatre plus grandes banques présentes en Afrique du Sud, trois avaient déjà annoncé qu’elles refusaient de financer Eskom. Cet état de fait l’a incité à appeler les auditeurs à fédérer leurs efforts « en faveur de solutions hors réseau et d’une transformation du modèle traditionnel grâce aux technologies émergentes ».