En dépit des annonces du gouvernement, le travail forcé persiste dans la pêche thaïlandaise

A la suite des révélations, en juin 2015, par le journal The Guardian de l’utilisation de travailleurs forcés issus de la migration de populations cambodgienne et birmane par certains armateurs de pêche thaïlandais, les Etats-Unis avaient rétrogradé la Thaïlande dans la dernière catégorie de leur rapport 2014 sur le trafic d’êtres humains. De son côté, l’Union européenne avait menacé de bannir les importations de poissons en provenance de ce pays, à moins que celui-ci ne prenne les mesures nécessaires pour remédier à la situation (voir IE). La menace avait été prise au sérieux par la Thaïlande  troisième exportateur mondial de produits de la mer – qui s’était engagée à mettre en œuvre des réformes afin de retrouver la confiance de la communauté internationale. Entre 2015 et 2017, l’association Human Rights Watch a réalisé une enquête dans tous les grands ports de pêche du pays, interrogeant 248 pêcheurs ou anciens pêcheurs, ainsi que de nombreuses autres personnes (représentants du gouvernement, d’associations, de syndicats de pêcheurs…). Si le rapport, publié le 23 janvier, admet que certains aspects de la législation ont été améliorés, il souligne également que ces modifications sont, pour l’essentiel, de pure façade, les autorités n’ayant pas déployé les mesures indispensables pour vérifier que la règlementation est bien respectée dans les faits. Du coup, de nombreuses exactions sont encore relevées : horaires interminables, salaires nettement inférieurs au minimum légal, conditions de sécurité quasi inexistantes et nombreuses situations de servitude. Ce phénomène résulte souvent de l’endettement des travailleurs, de la rétention de leurs papiers d’identité (pink card) ou de l’obligation pour les travailleurs migrants de demander à leur employeur l’autorisation de changer de travail.