La population active de la Malaisie représente 13 millions de personnes environ. On estime par ailleurs à 4 à 6 millions le nombre d’étrangers travaillant dans ce pays, plus de la moitié étant en situation irrégulière et, de fait, assujettis aux trafiquants de main-d’œuvre bon marché. En dépit des conditions de travail déplorables auxquelles ces travailleurs sont souvent soumis, la Malaisie reste pour les Bangladais l’un des plus importants débouchés après l’Arabie saoudite, ainsi qu’une source de revenus non négligeable. Le bureau bangladais de la Main-d’œuvre, de l’Emploi et de la Formation évalue ainsi à 15 milliards de dollars les revenus envoyés au pays par sa diaspora.
C’est dans ce contexte que le ministre malaisien des Ressources humaines et le ministre bangladais du Bien-être des expatriés et de l’Emploi à l’étranger ont signé, le 18 février, un protocole d’accord visant à faciliter le recrutement de 1,5 million de travailleurs bangladais en Malaisie dans les trois à cinq ans à venir. Dans le cadre de ce protocole, les frais de recrutement et de « transfert » des travailleurs bangladais vers la Malaisie seront plafonnés à 37 000 takas (428 euros), entièrement à la charge des employeurs. Ce nouveau dispositif, appelé (G2G Plus), remplacera le G2G (government-to-government) en vigueur depuis 2012, mais qui s’est avéré un échec. Les entreprises ont en effet préféré la méthode B2B (business-to-business), c’est-à-dire la mise en relation d’entreprises privées entre elles par le biais d’agences spécialisées. Le coût de recrutement était pourtant bien plus élevé (certaines études indiquent des frais compris entre 160 000 et 250 000 takas). Le boycott du dispositif par les agences de recrutement, qui voyaient ce lucratif commerce leur échapper, et l’habitude prise par les employeurs de récupérer les frais déboursés directement auprès des salariés embauchés ont eu raison du G2G. Afin d’éviter un nouveau fiasco, les autorités ont décidé d’associer les agences de recrutement au nouveau dispositif, du moins partiellement. Reste à savoir si le système G2G Plus, qui entend aussi réduire le trafic de la main-d’œuvre, prendra son envol dans un contexte où la politique du gouvernement malaisien vis-à-vis de la main-d’œuvre étrangère est pour le moins ambiguë.