Bonjour 2014 !

Un changement de millésime, c’est l’occasion de faire le point sur l’an écoulé et de formuler des souhaits pour celui qui s’engage. L’année 2013 a mis en évidence plusieurs thèmes majeurs.

La question climatique a été encore très présente et elle suscite plusieurs observations. La première est qu’il existe un certain pessimisme, tant de la part des associations que des milieux d’affaires. Du reste, ces derniers doutent de plus en plus de leur capacité à répondre aux enjeux du changement climatique, tandis que chacun s’interroge sur celle des Etats à se mettre d’accord. En second lieu, on remarque que le nombre d’initiatives semble s’accélérer (efficacité et sobriété énergétique, véhicules électriques…), y compris dans les pays asiatiques. Mais paradoxalement, ce foisonnement souligne aussi le chemin restant à parcourir – voire le retard enregistré – pour répondre efficacement au problème. Enfin, on constate des ralentissements inopportuns quant au développement des énergies renouvelables, celles-ci étant notamment confrontées à la pression des supporters des gaz de schiste.

Le deuxième aspect important relevé au cours de l’année 2013 touche à la question de la sécurité au travail, alimentée par le drame du Rana Plaza, le 24 avril dernier, qui s’est traduit par la mort de 1 127 ouvriers lors de l’effondrement d’un atelier de confection au Bangladesh. Plusieurs faits marquants ont entouré cet événement : la signature d’un accord historique dans ce pays impliquant la plupart des parties concernées (entreprises, syndicats, pouvoirs publics, ONG), afin de promouvoir la sécurité dans l’industrie textile au Bangladesh ; l’engagement, également historique, de la société de prêt-à-porter H&M de garantir un salaire de subsistance aux salariés de ses fournisseurs ; enfin, une large mobilisation des salariés dans les pays d’Asie du Sud-Est pour une revalorisation de leurs salaires, qui se traduit par d’importantes tensions sociales.

Cette question de la maîtrise de la chaîne d’approvisionnement, qui représente souvent une part déterminante des impacts sociaux et environnementaux résultant de l’activité des entreprises, s’amplifie également dans le cadre d’autres thématiques, comme la consommation d’eau, le gaspillage alimentaire, l’exploitation des minerais dans les zones de conflits, la production d’huile de palme ou d’autres denrées issues de l’industrie agroalimentaire. Les outils de contrôle, les partenariats et les certificats se multiplient, même si ces derniers sont toujours contestés par les associations et les organisations syndicales lorsque les pouvoirs publics et/ou les acteurs de la société civile ne sont pas associés au processus.

L’évasion fiscale et certains thèmes connexes, comme la transparence et la corruption, sont des sujets qui gagnent aussi en puissance dans un contexte où les Etats sont fortement mis en concurrence et toujours à la recherche de financements. Cette question touche désormais de nombreux pays, mais elle a été particulièrement sensible au Royaume-Uni en 2013.

Dans des contextes nationaux et internationaux en grande ébullition, il serait utopique de penser que les exigences à l’égard de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises ralentissent. Bien au contraire, la profonde mutation de l’ordre mondial et des sociétés révélée par la crise financière de 2007 interagit avec la transformation des entreprises. Les cartes sont redistribuées en permanence que ce soit entre les Etats (pays émergents, pays en développement, pays matures) ou à l’intérieur des Etats, stimulant les motifs d’insatisfaction à l’égard d’un modèle de développement qui déçoit ou qui excède. La Chine, deuxième puissance économique mondiale, s’aligne peu à peu sur ces nouvelles exigences, mais trop lentement, et renforce les contrôles administratifs dans certains secteurs d’activité (pharmacie, agroalimentaire…), ce qui laisse présager un durcissement de la compétition internationale. En 2014, les tendances observées devraient se poursuivre, freinées toutefois par l’absence de financements suffisants et la difficulté à franchir désormais certains paliers. Deux questions devraient à tout le moins prendre de l’ampleur : celle des droits sociaux et humains, liée aux manifestations sportives internationales (Sotchi, Brésil) et, espérons-le, celle du changement climatique, liée à la conférence internationale sur le climat qui se déroulera à Paris en 2015 et au cours de laquelle tous les pays devront parvenir à un accord contraignant.