Le groupe Total s’enlise dans le désastre humanitaire mozambicain

D’octobre 2017 à octobre 2020, des insurgés ont mené plus de 600 attaques terroristes dans les districts du nord et du centre de la province de Cabo Delgado au Mozambique, provoquant la mort d’environ 2 000 personnes, dont plus de 60 % de civils. Ces chiffres ressortent d’une étude récente (rédigée en portugais) réalisée par l’ONG mozambicaine Centro de Integridade Pública (Centre pour l’intégrité publique). Par ailleurs, alors que, fin 2018, le pays comptait environ 15 000 personnes déplacées en raison des conflits armés dans le Cabo Delgado et dans la région centrale, ce chiffre s’élevait à 424 202 au 19 octobre 2020, en raison de l’intensification des attaques armées dans ces deux régions. Le groupe français Total développe un gigantesque projet gazier dans la province de Cabo Delgado et a signé, le 24 août, un protocole d’accord pour assurer la sécurité de son site avec le gouvernement mozambicain. Mais l’enjeu économique et financier du projet exacerbe les violences dans la région, autant de la part des insurgés que des forces de sécurité, comme semblent l’attester des informations révélées en septembre dernier par l’association Amnesty International (IE n° 329). La compagnie française paraît bel et bien une nouvelle fois engagée dans une opération délicate d’un point de vue économique et qui participe aussi à ce qui s’avère être déjà un véritable drame humanitaire.