Bientôt un premier vaccin disponible contre la COVID, mais pour qui ?

L’annonce, par le laboratoire pharmaceutique Pfizer, d’un vaccin contre la COVID-19 efficace à 90 % est une excellente nouvelle. Mais déjà se pose l’éternelle question de l’accès aux soins, notamment pour les pays en développement. De plus, dans ces pays, les zones reculées ont parfois été fortement affectées par les flux (et reflux) migratoires provoqués par la pandémie, et le recensement des contaminations est sans doute largement sous-estimé. Selon Amnesty International, Pfizer a déjà conclu des accords et des droits pour plus d’un milliard de doses avec les pays riches (États-Unis, Canada, Japon, Union européenne, Royaume-Uni) alors que sa capacité de production pour 2021 est limitée à 1,3 milliard de doses. Si l’on prend en compte l’ensemble des candidats vaccins (plus de 10) dont les essais sont déjà en phase 3 à grande échelle, le Centre d’innovation Duke Global Health estime que 3,8 milliards de doses ont d’ores et déjà été achetées. Sur cette quantité, 58 % des ordres (2,2 milliards) ont été passés par les pays à revenu élevé (16 % de la population mondiale), 544 millions de doses par les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure (37 % de la population) et 740 millions par les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (38 % de la population). Les pays à faible revenu devraient essentiellement dépendre du programme COVAX mis en place par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais les difficultés d’accès aux vaccins ne dépendront pas uniquement de leur prix et de leur disponibilité mais aussi des moyens déployés pour les acheminer et les conserver. Là également, les acteurs publics et privés auront un rôle majeur à jouer, notamment en nouant des partenariats transversaux. Cependant, l’expérience montre que l’exercice reste très mal maîtrisé par les laboratoires pharmaceutiques.