La « décarbonisation » des actifs entre progressivement dans les principes de gestion conventionnels

Les initiatives pour orienter les investissements vers une économie décarbonée sont de plus en plus nombreuses. On compte parmi elles le mouvement de désinvestissement des énergies fossiles. D’abord issu des milieux militants, ce mouvement atteint désormais des instances plus établies. Ainsi, en novembre dernier, la Banque centrale de Norvège a adressé une lettre au ministère des Finances en lui recommandant de réduire l’exposition des actifs du pays au secteur pétrolier et gazier, et en particulier ceux détenus par le fonds souverain norvégien (IE n° 269). Le 19 décembre, c’est le gouverneur de l’Etat de New York, Andrew Cuomo, qui a appelé le fonds de pension de l’Etat de New York (New York State Common Retirement Fund) – qui gère 201 milliards de dollars d’actifs – à cesser tout investissement significatif dans les énergies fossiles et à développer un plan de décarbonisation de son portefeuille. Pour Andrew Cuomo, cette démarche a pour objectif de protéger l’épargne retraite des New-Yorkais. De son côté, le « contrôleur » de l’Etat, Thomas DiNapoli, a indiqué qu’il n’existait pas encore de plan allant dans ce sens, mais qu’il allait travailler avec le gouverneur pour élaborer une feuille de route visant à contribuer à une économie bas-carbone. Au Royaume-Uni, le gouvernement a annoncé qu’il allait examiner la possibilité d’instaurer de nouvelles règles pour faciliter la prise en compte, par les fonds de pension, de critères sociaux et environnementaux dans la gestion de leurs actifs. De nombreuses démarchent existent dans le pays pour exiger un retrait des énergies fossiles de ces placements collectifs. Mais ces demandes font souvent face à des objections qui s’appuient sur des arguments légaux, à savoir l’obligation fiduciaire des gestionnaires de fonds. Cela étant, depuis quelques années, plusieurs rapports ont fragilisé cet argument, et notamment ceux de la Law Commission en 2014 (IE n° 197) et en juin 2017. Ces nouvelles règles, qui s’appuieront sur les recommandations de la Commission, devraient entrer en vigueur en 2018 après une période de consultation.