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L’introduction en Bourse de Saudi Aramco va tester l’appétit des investisseurs pour les énergies fossiles

En avril 2016, le prince héritier du royaume d’Arabie saoudite avait officiellement annoncé qu’il allait faire du fonds souverain du pays le plus important du monde et que celui-ci serait alimenté grâce à la cession d’actifs pétroliers, et notamment l’introduction en Bourse d’une partie des actions de la plus grande société pétrolière mondiale, Saudi Aramco (IE n° 234). Portant sur 2 à 5 % des titres (valorisés entre 40 et 100 milliards de dollars), cette introduction devait être la plus importante jamais réalisée dans le monde. Elle constituait, pour les banques agréées pour l’organiser, un marché juteux estimé à 450 millions de dollars.

Mais le 4 octobre, le prince Mohamed ben Salman a une nouvelle fois repoussé la date d’introduction en précisant qu’elle devrait finalement avoir lieu à la fin de 2020 ou au début de 2021 (information remise en cause depuis par des rumeurs qui la situeraient dès décembre de cette année). Officiellement, ce report serait dû aux discussions relatives à une prise de participation de Saudi Aramco dans la société pétrochimique Sabic. Mais il pourrait également résulter de la faiblesse actuelle des cours du pétrole brut.

Parallèlement, le 17 octobre, dix grandes ONG ont adressé une lettre aux dirigeants de sept des neuf banques choisies pour organiser l’opération : Bank of America, Citigroup, Crédit Suisse, Goldman Sachs, HSBC, JPMorgan Chase, Morgan Stanley. Les deux banques absentes de la liste sont des banques saoudiennes. Les associations mettent en garde les établissements financiers sur le rôle qu’ils joueront dans la mise sur le marché d’actions de la plus importante société émettrice de GES de la planète. Non seulement cette introduction participera à la stratégie du royaume – qui consiste à augmenter sa production de pétrole –, mais elle lui permettra aussi de doubler sa capacité de raffinage et de poursuivre sa diversification dans le gaz et la pétrochimie. Les ONG ajoutent que cette opération ternira encore davantage l’image des banques impliquées, qui figurent déjà toutes parmi les quatorze plus importantes « banques fossiles » présentes dans le monde.