Une association professionnelle australienne réclame en urgence des mesures pour freiner l’essor de l’esclavage moderne dans la chaîne d’approvisionnement des énergies propres

Le développement rapide des énergies propres est crucial pour laisser une chance à la communauté internationale de contenir, ne serait-ce qu’un peu, le dérèglement climatique. Mais ce secteur d’activité n’est pas sans risques pour la société : pollutions en amont ou en aval des activités, nuisances sonores et visuelles, conflits dans l’utilisation du foncier, conditions de travail… L’association professionnelle australienne réservée aux entreprises liées au secteur des énergies propres (Clean Energy Council of Australia) a publié le 28 novembre 2022 une étude baptisée Addressing modern slavery in the clean energy sector.

La loi australienne de 2018 sur l’esclavage moderne (Modern Slavery Act) oblige les firmes dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 100 millions de dollars australiens (64 millions d’euros) à établir un rapport annuel sur les risques d’esclavage dans leurs opérations et leurs chaînes d’approvisionnement ainsi que sur les mesures prises en cas de soupçons. Cependant, le dispositif n’est pas suffisamment rigoureux et est peu coercitif. C’est pourquoi l’association préconise le développement d’un programme de labellisation ou de certification dans les énergies propres pour garantir une transition juste.

Selon le Clean Energy Council, les accusations d’esclavage moderne au sein de la chaîne d’approvisionnement de l’industrie des énergies renouvelables semblent fondées dans trois grands domaines : la production de polysilicium et de panneaux solaires dans le Xinjiang, en Chine ; la récolte de bois de balsa en Équateur ; et l’extraction du cobalt en République démocratique du Congo (RDC).

Entre 40 et 45 % du polysilicium de qualité solaire proviennent actuellement de la région autonome ouïgoure du Xinjiang en Chine, où 2,6 millions de personnes appartenant à des groupes ethniques minoritaires de la région sont confrontées à des programmes de travail obligatoire. Le bois de balsa de l’Amazonie équatorienne est utilisé dans la fabrication des pales d’éoliennes. Le Clean Energy Council rapporte que les ouvriers travaillent dans de très mauvaises conditions, une partie de leur salaire étant versé sous forme de drogue ou d’alcool. Les batteries lithium-ion sont une pièce déterminante de la transition vers les énergies renouvelables, et le cobalt est une matière première importante entrant dans la composition de ces batteries. La RDC fournit 70 % du cobalt mondial. Entre 15 et 30 % proviennent de mines artisanales qui emploient environ 250 000 personnes, dont 35 000 seraient des enfants d’à peine 7 ans. Elles gagnent moins de 2 dollars par jour et travaillent dans des conditions dangereuses qui répondent à la définition de l’esclavage contemporain et sans équipement de protection approprié.

Le Clean Energy Council appelle à une réaction urgente pour que le développement des énergies renouvelables ne soit pas associé à un essor de l’esclavage contemporain.