Une organisation au service des investisseurs et spécialisée dans le secteur de l’agroalimentaire constate une poussée des protéines non animales malgré des progrès encore possibles

FAIRR est un réseau mondial d’investisseurs dont la coordination est située à Londres. Il œuvre sur les enjeux liés à la production animale intensive et cherche à minimiser les risques auxquels est exposé le système alimentaire. FAIRR considère que la diversification des sources de protéines est un moyen de lutter contre certains risques comme la résistance aux antibiotiques et le dérèglement climatique. L’organisation aide les investisseurs à exercer leur influence sur les firmes concernées par cette problématique afin de préserver la valeur de leurs portefeuilles sur le long terme. Le 26 octobre 2022, elle a publié une étude qui porte sur les stratégies en matière de protéines végétales de 23 parmi les plus importantes entreprises mondiales des secteurs de l’agroalimentaire et de la grande distribution.

Le rapport révèle que 35 % des sociétés analysées ont désormais un objectif accompagné d’une échéance pour augmenter leurs ventes de substituts aux produits carnés ou laitiers (contre 28 % l’an dernier). De plus, de nombreuses entreprises sont dorénavant en mesure de proposer des alternatives végétales à la viande et aux produits laitiers à un prix similaire. Cette tendance pourrait s’accélérer dans la mesure où les tensions inflationnistes semblent plus fortes sur la viande et les produits laitiers que sur ces produits de substitution. Au cours du premier semestre de l’année 2022, les investissements dans les protéines alternatives (à base de végétaux, de protéines cultivées ou issues de la fermentation) ont atteint 1,7 milliard de dollars. Mais les auteurs du rapport craignent que le contexte économique ralentisse dans leur élan certaines marques.

Ils s’inquiètent aussi de l’approche de nombreuses sociétés sur la question climatique. Ils constatent que 16 des 23 entreprises ont annoncé des objectifs de neutralité carbone. Néanmoins, seulement 5 d’entre elles (Ahold Delhaize, Unilever, Tesco, Nestlé et Marks & Spencer) se sont fixé des objectifs portant sur les émissions de scope 3. Or, en moyenne, 94 % des émissions des firmes analysées relèvent du scope 3. Le rapport exhorte aussi les groupes qui ont choisi des objectifs fondés sur une limitation de l’augmentation de température de 2 °C (Unilever, Casino) à s’aligner sur les futures exigences sectorielles de la Science Based Targets initiative (SBTi) qui bloqueront cette limitation à 1,5 °C.