La rémunération du directeur général de Sainsbury’s choque les actionnaires alors que la rigueur est de mise pour les salariés et les sous-traitants

Après une année de « vaches maigres » pendant laquelle de nombreux dirigeants de grandes entreprises ont renoncé à tout ou partie de leur part variable pour cause de crise sanitaire, les rémunérations des mandataires sociaux sont reparties à la hausse en 2021. Cette tendance fait réagir les actionnaires. C’est le cas dans le groupe de distribution britannique Sainsbury’s. La rémunération de son directeur général, Simon Roberts, s’est élevée à 3,8 millions de livres sterling (4,4 millions d’euros) pour le dernier exercice, contre 1,3 million pour le précédent au cours duquel il n’avait pas perçu de bonus. Cela représente 183 fois le salaire médian de la chaîne de supermarchés. Pour le groupe, la hausse n’est que de 31 % par rapport à l’année précédente, à données comparables. En réalité, il faut comprendre que la partie fixe a crû de 31 % entre les deux exercices. Quoi qu’il en soit, ce pourcentage est à comparer à l’augmentation moyenne des salariés employés dans les magasins Sainsbury’s (5,3 %) et au taux d’inflation actuel évalué à 9 %.

L’enseigne verse le salaire de subsistance calculé par la Living Wage Foundation (UK living wage et London living wage) aux 171 000 salariés employés dans ses quelque 1 400 magasins au Royaume-Uni, soit au moins 11,05 livres de l’heure à Londres et 9,90 en dehors de la capitale. En revanche, elle refuse de faire appliquer cette règle à ses fournisseurs de services essentiels (nettoyage, sécurité…). Pour l’inciter à aller plus loin dans l’attribution d’un salaire de subsistance à ses propres collaborateurs, mais aussi au personnel de ses sous-traitants qui interviennent de manière régulière pour le compte de l’entreprise au Royaume-Uni, l’association ShareAction a déposé un projet de résolution à l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale de la société.

Ce projet est soutenu par des investisseurs comme HSBC, Legal & General Investment Management et Fidelity International. Il réclame que Sainsbury’s engage une démarche auprès de la Living Wage Foundation d’ici juillet 2023 afin d’être accrédité Living Wage Employer. Il s’agira de la première résolution d’actionnaires sur le salaire vital à être déposée dans une firme britannique. L’assemblée, qui se tiendra le 7 juillet, pourra être suivie en direct sur Internet.