Starbucks, aux prises avec un mouvement de syndicalisation sans précédent, rappelle son ancien P-D.G. accusé d’être antisyndical

En 2020, 10,8 % de la main-d’œuvre étatsunienne était couverte par une organisation syndicale selon les données du Bureau of Labor Statistics. Ce taux s’établissait à 34,8 % en 1954 d’après le Pew Research Center. Mais, dans ce pays, le mouvement syndical semble s’inscrire dans une nouvelle dynamique. La pandémie a été une expérience transformatrice pour de nombreux salariés qui ont recueilli le soutien du public. Ils ont été nombreux à estimer que les entreprises pour lesquelles ils travaillaient n’assuraient pas leur sécurité. Dans le même temps, les bénéfices des entreprises ont monté en flèche et le marché du travail s’est tendu, ce qui a accru les motivations. Cette dynamique s’est, notamment, affirmée dans la chaîne Starbucks. A ce jour, des initiatives ont été lancées pour engager des démarches de syndicalisation dans plus de 250 magasins situés dans 35 États.

Mais dans un article daté du 19 mai 2022, le journal The Guardian a indiqué que Starbucks a licencié plus de 20 dirigeants syndicaux aux États-Unis au cours des derniers mois. Le principal organisme étatsunien de réglementation du travail, le National Labor Relations Board (NLRB), a déposé plusieurs plaintes contre Starbucks pour de nombreux licenciements. Le journal rapporte plusieurs témoignages de syndicalistes licenciés pour des motifs mineurs alors qu’ils commençaient à s’engager dans des campagnes de syndicalisation. Le NLRB a également accusé l’entreprise de plus de 200 violations des lois fédérales sur le travail au cours des campagnes de syndicalisation qui se sont déroulées depuis fin 2021.

Au mois de mars, l’annonce du départ du président-directeur général Kevin Johnson a surpris les observateurs. Howard Schultz, qui a présidé dans le passé à l’exceptionnel développement du groupe, a été rappelé en urgence début avril pour en prendre temporairement les rênes, en attendant la nomination d’un nouveau directeur général. Bien qu’il s’en défende, Howard Schultz est accusé d’avoir une posture antisyndicale et d’avoir mené une campagne contre le mouvement syndical en le décrivant comme « une force extérieure qui va dicter ou perturber qui nous sommes et ce que nous faisons ». Selon le NLRB, au 13 mai, 69 magasins Starbucks ont déjà voté pour former un syndicat, neuf magasins ont voté contre et six élections sont toujours dans l’attente des résultats.