La finance est encore très peu engagée dans la lutte contre la déforestation, selon une étude britannique

L’organisation britannique Global Canopy a publié le 13 janvier 2022 une étude faisant ressortir que quatre-vingt-treize des cent cinquante plus grandes sociétés financières mondiales n’ont pas de politiques visant à prévenir la déforestation causée par les entreprises dans lesquelles elles investissent ou à qui elles prêtent. Ces quatre-vingt-treize sociétés ont collectivement fourni plus de deux mille six cents milliards de dollars d’investissements et de prêts aux trois cent cinquante entreprises mondiales les plus exposées aux risques de déforestation. Le rapport souligne également que le simple fait d’avoir un engagement ou un ensemble de principes contre la déforestation n’est pas suffisant. Sur les cinquante-sept sociétés de financement ayant des engagements dans ce domaine, moins de la moitié (vingt-trois) ont publiquement rendu compte des progrès réalisés au cours des douze derniers mois. En outre, le document révèle une tendance générale à ce que les entreprises prennent des engagements liés à l’environnement sur les forêts, mais pas d’engagements liés aux droits humains pour protéger et rendre autonomes les communautés forestières.

Dans l’ensemble, on note une très légère amélioration par rapport aux données enregistrées par Global Canopy dans la précédente édition de son étude. Depuis, plusieurs initiatives ont été lancées pour tenter de renverser la tendance. Ainsi, lors de la COP26, des gestionnaires d’actifs représentant huit mille sept cents milliards de dollars se sont engagés à cesser de financer les entreprises agroalimentaires liées à la déforestation d’ici 2025. Mais ce nouveau compte rendu montre que les progrès sont très lents.

Le rapport Forest 500 de cette année contient également une analyse actualisée de la manière dont les grandes entreprises qui fabriquent et ont recours à des produits à risque forestier abordent la transition vers des chaînes de valeur sans déforestation. Les denrées couvertes sont l’huile de palme, le soja, le bœuf, le cuir, le bois, la pâte à papier et le papier. L’analyse montre que si les deux tiers des entreprises se sont désormais dotées d’une politique de déforestation, seules 28 % possèdent des politiques qui couvrent tous les produits à risque forestier qu’elles utilisent. De plus, moins de 10 % des sociétés ont déclaré que la déforestation était un risque financier direct. Sur les deux cent trente-trois entreprises ayant pris des engagements, quarante n’ont fourni aucune donnée sur les progrès enregistrés au cours des douze derniers mois, et cinquante ont simplement sélectionné quelques produits pour lesquels elles ont relevé des améliorations. Aucune d’entre elles n’a divulgué publiquement le nombre d’hectares de déforestation qu’elle a identifié sur l’ensemble de sa chaîne d’approvisionnement. Global Canopy note également que les sociétés installées en Asie et en Amérique du Nord sont généralement en retard sur leurs homologues européennes en matière de lutte contre la déforestation.