Les peuples autochtones appellent Harvard à abandonner un projet de géo-ingénierie

Le Conseil militaire international sur le climat et la sécurité (International Military Council on Climate and Security – IMCCS) a publié le 7 juin 2021 son rapport 2021 sur le climat et la sécurité dans le monde. Les experts du IMCCS soulignent que les forces militaires du monde entier conviennent désormais que le changement climatique constitue un risque pour la sécurité. Si les risques climatiques commencent à être pris en compte, notamment dans les efforts menés pour consolider les processus de paix, les pratiques sont encore ponctuelles, et beaucoup reste à faire. Parmi les urgences, ils précisent que de nouvelles règles mondiales sont nécessaires pour répondre aux migrations des personnes liées au changement climatique et pour réguler les technologies émergentes de « géo-ingénierie solaire » qui pourraient potentiellement être utilisées pour faire face à un réchauffement climatique incontrôlable.

Ces technologies, qui permettent de pulvériser de minuscules particules dans la stratosphère en vue de refléter la lumière solaire, sont considérées comme particulièrement préoccupantes par la communauté internationale. Sous la pression de la communauté Sámis (un peuple autochtone du nord de la Scandinavie), l’Agence spatiale suédoise a ainsi annoncé, le 31 mars dernier, qu’elle annulait le test technique qu’elle avait envisagé dans ce domaine dans le cadre du programme SCoPEx (IE 343). Mais ce programme est dirigé par des chercheurs de l’université de Harvard, qui ont en tête d’autres lieux pour mener l’expérience.

Aussi, le Conseil Sámis a-t-il adressé, le 9 juin, une lettre à l’université de Harvard pour l’exhorter à enterrer le projet. Cette lettre a été signée par une trentaine d’organisations autochtones dans le monde. Pour les militants écologistes comme pour de nombreux scientifiques, ces technologies, destinées à refroidir certaines régions, pourraient porter préjudice à des zones déjà très vulnérables en accélérant leur réchauffement ou en perturbant les pluies de mousson, par exemple. Par ailleurs, ces « pare-soleil » artificiels ne permettraient pas de limiter l’acidification des océans. Enfin, en traitant le symptôme plutôt que la cause, ce projet pourrait fournir une excuse supplémentaire pour continuer à extraire des combustibles fossiles.