De grandes marques de chocolat poursuivies pour avoir bénéficié du travail forcé d’enfants

L’association américaine International Rights Advocates (IRA) a engagé une action collective devant la cour du district de Columbia (États-Unis) au nom de huit personnes d’origine malienne qui affirment avoir été contraintes de travailler sans salaire dans des plantations de cacao en Côte d’Ivoire au cours des années 2000 et 2010, et ce, alors qu’elles étaient des enfants. La plainte vise les sociétés Nestlé, Cargill, Barry Callebaut, Mars, Olam, Hershey et Mondelēz qui ont régulièrement été approvisionnées par les plantations incriminées. Bien que les sociétés défenderesses ne soient pas propriétaires des fermes en question, IRA veut convaincre les tribunaux qu’elles « ont sciemment profité » du travail illégal des enfants. Il est souvent difficile pour les plaignants d’obtenir des résultats concrets et immédiats avec ce type d’action. Ces initiatives ont cependant le mérite d’accélérer les processus d’amélioration en cours et de renforcer les mesures instaurées par les entreprises dont les résultats s’avèrent, par ailleurs, généralement hypothétiques. En effet, bien que toutes les entreprises citées déclarent s’opposer au travail des enfants dans la chaîne d’approvisionnement du cacao, la situation perdure depuis des années.

De son côté, la Côte d’Ivoire affirme également avoir mis en place des dispositifs pour éradiquer le travail des enfants dans les plantations ainsi que la pauvreté qui va systématiquement de pair avec ce phénomène. Mais sans succès notable, si l’on en croit les statistiques et les observations faites sur le terrain. À la suite de la réunion de haut niveau qui s’est déroulée le 22 janvier dernier à Abidjan (IE n° 338), l’Union européenne, qui absorbe 65 % de la production ivoirienne de cacao, semble vouloir s’impliquer davantage et a annoncé qu’elle pourrait mobiliser un milliard d’euros au profit du pays sur la période 2021-2027 pour combattre la déforestation, le travail infantile et contribuer au développement des communautés de producteurs. Les ingrédients pour mettre un terme à cette situation indigne sont désormais disponibles (engagements des parties, moyens financiers, mise en concurrence et en accusation des entreprises…). Il ne reste plus qu’à suivre l’évolution concrète des résultats et à interroger régulièrement et fermement les différents acteurs concernés…