Au Canada, la rivière Magpie obtient le statut de personnalité juridique

En juillet 2019, la Haute Cour du Bangladesh a octroyé à la rivière Turag et aux autres cours d’eau du pays le statut juridique d’organismes vivants, leur permettant de bénéficier de certains droits fondamentaux au même titre que les personnes (IE n° 305). Cette décision rejoint un mouvement qui s’intensifie à travers le monde et qui vise à préserver les ressources naturelles, les sites et les droits des populations autochtones. Lors de la séance du conseil de la municipalité régionale de comté (MRC) de Minganie au Québec (Canada), qui s’est tenue le 16 février dernier, la MRC, en accord avec le conseil des Innus d’Ekuanitshit, a accordé la personnalité juridique à la rivière Magpie, ou Mutehekau Shipu en langage innu (« la rivière où l’eau passe entre des falaises rocheuses carrées »). La rivière et son bassin versant disposeront ainsi de droits comme le respect de leurs cycles naturels, de leur régénération et de leur restauration, le droit de vivre, d’exister et de couler, d’évoluer naturellement, d’être préservés et protégés, de maintenir leur biodiversité naturelle et leur intégrité, de remplir des fonctions essentielles au sein de leur écosystème, d’être à l’abri de la pollution, d’ester en justice. Il s’agit de la première reconnaissance de ce genre au Canada. Dans la réalité, il restera cependant encore à faire respecter ce droit local, notamment face aux éventuelles velléités de construction de barrages, dans la mesure où la personnalité juridique de la nature n’existe pas dans le droit canadien et pourrait être contestée devant les tribunaux.