Les pêcheurs thaïlandais pourraient embarquer des enfants comme stagiaires non rémunérés

La Thaïlande fait partie des dix principaux pays producteurs de pêche en mer (très loin derrière la Chine, il est vrai). Mais depuis 2015, à la suite de révélations sur des violations des droits humains, le pays fait l’objet d’une surveillance internationale (voir IE) vis-à-vis des conditions de travail dans ce secteur. De ce point de vue, les améliorations apportées à la réglementation n’ont pas rassuré les organisations de défense des droits de la personne (IE n° 319), loin s’en faut. Et ce ne sont pas les nouvelles dispositions envisagées qui vont changer la donne. Dans le cadre d’un amendement à un règlement ministériel censé répondre aux critiques sur les abus de l’industrie et qui a fait l’objet d’une audition publique le 17 septembre, les associations ont exprimé leur inquiétude à propos d’une clause. Celle-ci permettrait aux propriétaires de navires d’employer un proche dès l’âge de seize ans comme stagiaire non rémunéré sur leur bateau. L’amendement a été proposé l’an dernier par l’Association nationale de la pêche thaïlandaise, qui avait déclaré qu’il était essentiel de veiller à ce que les enfants « développent l’amour de l’occupation » et qui ne considérait pas, dans ce cas, les enfants comme des travailleurs, mais comme des observateurs. Pour un officiel du ministère de la Protection du travail et de l’Action sociale (Department of Labour Protection and Welfare) qui a participé à l’audition, l’objectif de la clause est la formation et non le travail. Mais pour Adisorn Kerdmongkol, coordinateur du Migrant Working Group (MWG), « ce sera, pour les employeurs, une échappatoire pour amener les enfants à travailler pour eux sous le prétexte d’une formation ». De plus, selon un avocat indépendant spécialisé dans la traite des êtres humains, la clause est contraire à la loi thaïlandaise, qui interdit aux enfants de moins de dix-huit ans de travailler sur les bateaux de pêche et classe ce travail comme dangereux. Dans le monde, plus de 150 millions d’enfants travaillent et la moitié d’entre eux environ sont engagés dans des travaux dangereux dans des secteurs tels que la construction, l’agriculture, les mines et l’industrie manufacturière.