Casino sommé de mettre fin à sa participation à la déforestation au Brésil et en Colombie

La production (et donc la consommation) de viande est de plus en plus souvent pointée du doigt pour ses effets ravageurs sur les forêts – en particulier latino-américaines –, que ces effets résultent de l’élevage ou des cultures nécessaires à l’alimentation du bétail, comme le soja. Dans le monde, notamment dans les pays industriels, les actions se multiplient pour réduire la consommation et la production de viande, et promouvoir une alimentation alternative. Le 10 septembre 2019, la société suisse Beyond Investing a même lancé le premier fonds vegan au monde : US Vegan Climate ETF (IE n° 306). Notons que depuis son lancement, le prix des parts de ce fonds a augmenté de 18 %, alors que dans le même temps, l’indice FTSE 100 a perdu 20 % de sa valeur. Le 25 août dernier, le gouvernement britannique a lancé une consultation publique sur un projet de loi visant à rendre illégale, pour les grandes entreprises, l’utilisation de denrées présentant un risque pour les forêts et n’ayant pas été produites conformément aux lois locales pertinentes. Cette réglementation obligerait les entreprises concernées à faire preuve d’une diligence raisonnable pour montrer qu’elles ont pris des mesures adaptées pour y répondre. Celles qui ne s’y conformeraient pas seraient passibles d’amendes.

Parallèlement à ce projet britannique, l’association Greenpeace UK a lancé une campagne d’opinion à l’encontre du distributeur Tesco pour exiger qu’il coupe ses liens avec les sociétés qui détruisent les forêts amazoniennes (IE n° 327). En France, l’association Envol Vert, très engagée en matière de protection des forêts, a publié en juin dernier une étude dans laquelle elle accuse le groupe Casino de participer à la déforestation brésilienne en s’approvisionnant auprès d’abattoirs qui se fournissent eux-mêmes auprès de fermes impliquées dans la déforestation illégale. Le document rappelle que ce n’est pas la première dénonciation des agissements de Casino sur cette question. En conséquence, le 21 septembre dernier, plusieurs associations (Canopée, CPT, Envol Vert, Mighty Earth, Notre Affaire à Tous et Sherpa) et des organisations représentatives des peuples autochtones du Brésil et de Colombie ont officiellement mis le groupe Casino en demeure « de prendre les mesures nécessaires pour exclure le bœuf issu de la déforestation et de l’accaparement de territoires autochtones de sa chaîne d’approvisionnement au Brésil et en Colombie » dans le cadre de son devoir de vigilance encadré par la loi française. Pour information, Casino a réalisé, en 2019, 47 % de son chiffre d’affaires en Amérique latine, principalement à travers sa filiale brésilienne GPA (26,3 % du chiffre d’affaires du groupe) et sa filiale colombienne Exito (9,8 %).