En Australie, la contestation actionnariale gagne du terrain

La saison des assemblées générales est maintenant bien engagée. Dans plusieurs pays, il s’agit d’un moment où les actionnaires peuvent, à travers le dépôt de projets de résolution, manifester leur engagement. En général, la démarche suit des négociations n’ayant pas abouti entre les actionnaires et la direction de la société. Les formalités peuvent être plus ou moins contraignantes d’un pays à l’autre. En France, elles sont particulièrement exigeantes, ce qui a récemment conduit le Forum pour l’investissement responsable (FIR) à émettre des propositions visant à dynamiser le débat actionnarial.

En Australie, l’association Australasian Centre for Corporate Responsibility (ACCR) a déposé des projets de résolution auprès de deux sociétés pétrolières australiennes (IE n° 316) : Santos Ltd et Woodside Petroleum Ltd. Pour Santos, l’association demandait à la société plusieurs points : tout d’abord, l’introduction, dans son rapport annuel, de certaines informations liées au climat (objectifs de réduction des émissions de GES pour les scopes 1, 2 et 3 en lien avec les objectifs de l’accord de Paris, détails montrant que les investissements sont en accord avec ces objectifs, précisions sur les incitations intégrées à la politique de rémunération pour atteindre ces objectifs) ; ensuite, une revue des activités de lobbying (directes et indirectes) de la compagnie sur les questions climatiques et énergétiques. Pour Woodside, ACCR a formulé les mêmes requêtes et en a ajouté une troisième : une analyse de la communication de réputation du groupe et du secteur.

Les actionnaires de Santos ont soutenu les deux résolutions avec respectivement 43,39 % et 46,35 % des voix. Pour Woodside, les deux premiers projets ont respectivement recueilli 50,16 % et 42,66 % des suffrages, alors que le troisième n’a obtenu que 2,71 % des votes. Mais la plupart des grandes sociétés australiennes sont munies d’une « constitution ». Celle-ci définit les droits, rôles et responsabilités des actionnaires et des administrateurs, ainsi que des règles qui régissent diverses activités de gestion interne, telles que les assemblées des actionnaires. D’une manière générale, cette constitution doit préalablement être modifiée pour que les résultats des résolutions externes ayant été déposées soient « validés ». Cette modification doit faire l’objet d’une résolution spéciale soumise au suffrage de l’assemblée et être approuvée par au moins 75 % des voix. Pour Woodside, comme pour Santos, ces résolutions spéciales n’ont obtenu que 6 % environ des votes. Pour autant, ACCR estime que les résultats obtenus constituent un net rejet des politiques climatiques des deux sociétés.