Une association lance une pétition demandant à EDF de se retirer du Myanmar (Birmanie)

La victoire du parti d’Aung San Suu Kyi aux élections législatives birmanes de 2015 avait soulevé de grands espoirs dans un pays dirigé par une junte militaire pendant plus d’un demi-siècle. Mais depuis, la communauté internationale a déchanté et un rapport de l’ONU a mis en cause en 2018 la lauréate du prix Nobel de la paix 1991 en raison de son inaction face aux persécutions des Rohingya par l’armée birmane et à la poursuite de conflits armés dans plusieurs régions. Dans ce contexte, les actions internationales ont repris, notamment celles menées vis-à-vis des entreprises étrangères. Dans sa lettre du 9 octobre 2018, Impact Entreprises avait du reste relevé les risques auxquels la société française EDF s’exposait dans le cadre de son projet de barrage (Shweli 3) dans le nord de l’Etat chan, une région en proie à une intense guérilla armée.

L’organisation Burma Campaign UK a publié une liste d’entreprises (Dirty List) ayant des liens commerciaux avec l’armée birmane ou impliquées dans des projets susceptibles d’avoir des répercussions sur l’environnement ou les droits humains. Elle a inscrit EDF sur cette liste, le 20 août dernier, puis a lancé, le 24 octobre, une pétition demandant à EDF de se retirer du projet. Le 31 octobre, EDF a répondu à cette campagne dans une lettre signée de Marianne Laigneau, directeur exécutif du groupe en charge de la direction internationale. La compagnie y indique qu’elle prend en compte les interférences entre les conflits sévissant dans la région et le projet soutenu.

Pour l’association, ce type de projet exacerbe les conflits et expose les populations à des exactions, car l’idée qu’il puisse (tout comme les autres projets se développant dans la zone) consolider le pouvoir central renforce la détermination des groupes rebelles et, en retour, la riposte de l’armée birmane (Tatmadaw), laquelle n’a pas toujours fait preuve de retenue à l’égard des populations civiles, parfois soupçonnées de soutenir les rebelles. L’association Amnesty International a d’ailleurs publié, le 3 septembre 2019, une déclaration publique dans laquelle elle exprime son inquiétude pour la sécurité des populations civiles devant l’intensification des combats dans le nord de l’Etat chan.