Les avantages offerts par les laboratoires pharmaceutiques influencent-ils les prescriptions ?

Si l’influence des laboratoires pharmaceutiques sur les prescripteurs (notamment les médecins) est souvent montrée du doigt, le lien n’est pas toujours facile à établir. Une équipe de médecins et de chercheurs rennais a publié dans le BMJ (British Medical Journal) du 5 novembre 2019 les conclusions d’une étude dans laquelle elle montre l’existence d’une relation entre les avantages octroyés par l’industrie pharmaceutique aux médecins généralistes et le prix ainsi que la qualité de leurs prescriptions. Les auteurs de l’étude ont croisé deux sources publiques de 2016 : la base Transparence Santé (les informations déclarées par les entreprises sur les liens d’intérêts qu’elles entretiennent avec les acteurs du secteur de la santé) et le Système national des données de santé (SNDS), qui réunit notamment des indicateurs, évaluant le coût et la qualité des prescriptions, utilisés par l’Assurance Maladie pour calculer la « rémunération des médecins sur objectifs de santé publique » (ROSP). Tout en précisant que leur méthodologie ne permet pas de montrer un lien de cause à effet et que les pratiques sont souvent inconscientes, ils concluent que les médecins généralistes qui n’ont reçu aucun avantage (repas, remboursement de frais de transport, logement…) ont délivré des prescriptions moins coûteuses (de l’ordre de 5,33 euros par rapport aux médecins ayant reçu des cadeaux supérieurs à 1 000 euros en 2016) et prescrit plus de médicaments génériques et moins de médicaments dont la balance bénéfice-risque est considérée comme défavorable. Le LEEM (Les entreprises du médicament) n’a pas tardé à réagir en dénonçant un dénigrement et en soulignant la confusion entre les « cadeaux » – interdits par la loi – et les « avantages » – qui, eux, sont autorisés.