Protection des forêts : entre désastre et lueur d’optimisme

En 2014, lors du sommet sur le climat, les Nations unies ont adopté la Déclaration de New York sur les forêts. En 2017, cette déclaration était notamment soutenue par quarante-sept gouvernements et cinquante-sept entreprises multinationales. Elle prévoyait en particulier « d’enrayer la déforestation engendrée par la production de biens agricoles tels que l’huile de palme, le soja, le papier et les produits bovins d’ici à 2020 au plus tard, étant entendu que de nombreuses entreprises ont des objectifs beaucoup plus ambitieux ». Mais lors de la publication de son plan d’action pour le soja le 13 juin, l’un des signataires, le géant américain de négoce de matières premières Cargill, a reconnu que cet engagement ne pourrait pas être respecté. A dire vrai, on s’en doutait un peu. Non parce que rien n’est fait, mais parce que les efforts déployés restent dérisoires au regard de l’enjeu, qui consiste ni plus ni moins à réformer radicalement les modèles économiques actuels.

Du reste, dans une étude rendue publique le 10 juin dernier, l’association Greenpeace International explique qu’à l’issue de la décennie actuelle, près de 50 millions d’hectares (presque la superficie de la France métropolitaine) auront disparu dans le monde en raison de l’impact de la production de denrées agricoles (soja, huile de palme, cacao, viande…). Dans le cadre de cette étude, l’association a interpellé cinquante grandes entreprises concernées par ce commerce et analysé leurs politiques : « Aucune d’entre elles n’est en mesure de démontrer la mise en œuvre d’efforts significatifs pour éradiquer la déforestation de sa chaîne d’approvisionnement. » Néanmoins, les outils permettant d’enrayer ce fléau se multiplient, en particulier au niveau de l’observation. Ainsi le programme Global Forest Watch du World Resources Institute (WRI) a-t-il annoncé le 11 juin l’existence de sa plate-forme GFW Pro. Celle-ci s’appuie sur trente ensembles de données (y compris des images satellites de la NASA ou de l’Agence spatiale européenne) pour fournir en temps réel à ses utilisateurs une analyse sur les plantations, fermes, parcs nationaux et usines, afin de déterminer les risques de déforestation, tels que les incendies et l’exploitation forestière illégale. Le système permet de suivre des denrées comme le cacao, le sucre, le caoutchouc, le bois, l’huile de palme, le soja ou le bœuf, et s’adresse aussi bien aux entreprises (producteurs et acheteurs) qu’aux investisseurs et ONG. Mais il ne s’agit que d’un outil et, en tant que tel, son efficacité et l’atteinte de résultats ambitieux dépendront de la volonté de ses utilisateurs.