L’OMS met en garde contre le lobbying pratiqué par l’industrie de l’huile de palme

Dans un communiqué, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) annonçait, le 14 mai 2018, son intention d’éliminer totalement les acides gras trans produits industriellement d’ici à 2023 en raison de leurs effets sur la santé (IE n° 281). Du coup, l’huile de palme, dont la production a quadruplé en vingt ans et dont les ravages sur les forêts tropicales sont considérables, pourrait susciter un attrait supplémentaire pour l’élaboration des aliments ultra-transformés du fait de sa consistance naturellement plus solide que celle de la plupart des huiles végétales.

Le 8 janvier 2019, l’OMS a posté sur Internet une note détaillée dans laquelle elle précise que les études mettent en évidence des résultats contrastés, en matière d’impact sur la santé, de la consommation d’huile de palme. Certaines montrent un risque accru de maladies cardiovasculaires ou de conséquences indésirables, alors que d’autres ne relèvent aucun impact négatif, voire font valoir des effets favorables. Mais l’organisation onusienne souligne aussi que quatre des neuf études de sa recherche documentaire mettant en avant ces avantages émanent du Malaysian Palm Oil Board (un organisme gouvernemental chargé de la promotion et du développement de l’huile de palme en Malaisie). Ce constat remet en question la crédibilité des revendications en faveur d’une consommation d’huile de palme, qui semblent relever d’une stratégie de lobbying, que l’OMS apparente à celles des industries du tabac et de l’alcool. Le document constate également l’élaboration par l’industrie liée à l’huile de palme de nombreuses tactiques afin d’être présente dans les espaces décisionnaires politiques pour lutter contre les réglementations, influencer les politiques de santé et développer une argumentation destinée à montrer la durabilité de l’huile de palme et ses avantages en termes de réduction de la pauvreté. Les auteurs de la note préconisent d’accentuer la recherche indépendante sur les effets de l’huile de palme en matière de santé et de réduire l’influence de la filière sur les stratégies de santé publique.