Des actionnaires d’Amazon contre le développement de la surveillance arbitraire

Le développement spectaculaire des technologies de l’information élargit encore le champ de la RSE couvrant les risques d’atteinte aux droits et libertés individuelles et collectives. Certes l’évolution de ces technologies comporte des avantages, y compris en matière de développement. Mais en raison de l’accroissement des possibilités de surveillance qu’elles offrent, cette évolution peut aussi conduire à des violations, et ce dans un nombre de secteurs d’activité de plus en plus important. Récemment, des salariés de Google ont exprimé leur indignation à propos d’un contrat conclu entre leur société et le Pentagone visant à développer un projet militaire permettant d’interpréter des images collectées par des drones (IE n° 282).

Cette fois, ce sont dix-neuf institutions actionnaires d’Amazon qui demandent à cette société de renoncer à vendre son système de reconnaissance faciale Rekognition au gouvernement américain. Si le discours officiel des promoteurs de ce dispositif consiste à souligner les possibilités offertes aux autorités pour localiser des malfaiteurs, les actionnaires reprennent les arguments d’une quarantaine d’associations de défense des droits et libertés, conduites par l’association American Civil Liberties Union (ACLU), et soulignent que cette technologie « pourrait être utilisée pour cibler et surveiller de manière injuste et disproportionnée des personnes de couleur, des migrants et des organisations de la société civile », et ce d’autant plus qu’Amazon a, de son côté, précisé que le système pouvait être utilisé préventivement pour identifier les « personnes présentant un intérêt ». Par ailleurs, cet outil pourrait servir à intimider les défenseurs de la démocratie dans certains pays et renforcer le cercle de la répression.