Les investisseurs devraient intégrer la dimension sociale à leurs stratégies climatiques

La RSE revêt une dimension holistique. C’est du moins la thèse soutenue par le CFIE, éditeur d’Impact Entreprises. Pour un manager, il est presque impossible de mener une action sur un quelconque aspect de cette discipline sans en toucher un ou plusieurs autres, parfois de manière très indirecte, et avec des conséquences complexes, voire contradictoires. Le cas de l’agroraffinerie de Total, basée à La Mède, constitue à cet égard un exemple significatif. Il mêle des questions écologiques (émissions de GES, déforestation, etc.) et sociales (préservation de l’emploi), ainsi que des intérêts multisectoriels (chimie, agriculture, armement…). Prendre en compte l’ensemble de ces dimensions n’est pas chose aisée. Cela nécessite, à tout le moins, de bien appréhender la place du projet de l’entreprise (qui doit, en conséquence, être clairement édicté et pleinement approprié au préalable par les acteurs) dans celui de la société (dont le consensus doit être identifié). En tout état de cause, il apparaît aujourd’hui obligatoire de prendre en compte les différents domaines affectés lors de la mise en œuvre d’initiatives entrant dans le champ de la RSE, et ce en intégrant une perspective temporelle.

Cette prise en compte se pose, en particulier, au niveau des investisseurs. Dans un papier édité le 1er juin par la London School of Economics, des universitaires ont listé six raisons pour lesquelles les investisseurs devraient intégrer la dimension sociale à leur stratégie en faveur d’une “ juste transition énergétique ”. Ils expliquent en outre comment agir pour aller dans ce sens. Professeur en finance durable, Nick Robins justifie ce document de recherche en écrivant que pour l’heure, “ on relève un déficit en analyses et en guides d’orientation solides permettant aux investisseurs de jouer un rôle effectif dans une juste transition ”. Les auteurs relèvent quatre domaines dans lesquels les investisseurs pourraient intervenir pour promouvoir une transition juste : les stratégies d’investissement, l’engagement, les allocations de capital, le dialogue à un niveau politique. Par ailleurs, le document propose plusieurs pistes de travail et d’action pour l’avenir, parmi lesquelles la mise en place de deux projets pilotes sur cette question au Royaume-Uni et aux Etats-Unis (et dans d’autres pays si des candidatures se manifestent).