Les gestionnaires de fonds s’attendent à une dépréciation des compagnies pétrolières d’ici à cinq ans

Le UKSIF (UK Sustainable Investment and Finance Association) – une organisation britannique qui réunit des investisseurs et d’autres organisations afin de promouvoir la finance responsable – a publié fin avril une étude qui analyse l’appréciation des perspectives des compagnies pétrolières par des gérants de fonds. L’étude a recueilli les avis de trente des gestionnaires de fonds les plus influents. Ils sont 89 % (contre 46 % il y a un an) à considérer que les risques liés à la transition énergétique – comme l’augmentation des réglementations sur les émissions de GES ou l’accroissement de la concurrence des énergies renouvelables – auront un impact significatif sur la valeur des compagnies pétrolières dans les cinq prochaines années. Plus de la moitié d’entre eux estiment que le risque de réputation a déjà influé sur cette valeur et 25 % pensent qu’il aura un impact d’ici à deux ans. Ce sentiment conforte les avertissements des analystes et de certaines associations qui affirment que les actifs pétroliers sont voués à devenir des « actifs échoués » (stranded assets). Par ailleurs, 71 % des gérants rapportent qu’ils ont observé au cours des douze derniers mois un accroissement de l’intérêt des clients pour des produits résilients vis-à-vis des dérèglements climatiques. Pour autant, la même proportion déclare qu’elle ne s’est pas encore fait une opinion sur la capacité des compagnies pétrolières à effectuer leur transition vers une économie sobre en carbone et 41 % déclarent qu’ils n’ont pas élaboré de stratégie d’engagement à l’égard des groupes pétroliers sur cette question. Le marché pâtit donc d’un manque de produits financiers résilients vis-à-vis des changements climatiques, en dépit de l’intérêt croissant des clients. Toutefois, Legal and General Investment Management (LGIM), l’une des principales sociétés de gestion présentes en Europe, a indiqué récemment qu’elle allait d’ici peu nommer publiquement les sociétés qui ne répondraient pas à sa demande de remédier aux risques climatiques et qu’elle se préparait à vendre les titres de celles qui ne parviendraient pas à se réformer.