Le code sur la commercialisation des substituts du lait maternel n’est toujours pas respecté

Afin de garantir aux jeunes enfants la meilleure croissance possible et leur assurer une bonne santé, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande l’allaitement maternel exclusif pour les enfants de moins de six mois et un accompagnement partiel avec des compléments alimentaires jusqu’à l’âge de deux ans. Des études montrent qu’une réduction de l’allaitement maternel accroît considérablement les risques de pneumonies et de diarrhées, respectivement première et deuxième causes de mortalité infantile dans le monde. Or, dans les pays à revenu bas et intermédiaire, 40 % seulement des enfants de moins de six mois sont nourris exclusivement par du lait maternel. En 1981, l’OMS avait approuvé un code sur la commercialisation des substituts du lait maternel. Ce code, qui peut être librement adopté par les entreprises, visait à empêcher la promotion des formules pouvant remplacer l’allaitement maternel. Fin février, l’association Save the Children a publié une étude examinant les politiques et les pratiques en matière de promotion des substituts du lait maternel des six principales sociétés mondiales intervenant sur ce segment (et qui représentent plus de 50 % des parts de marché) : Nestlé, Danone, RB, Abbott, FrieslandCampina, Kraft Heinz. L’association ne remet pas en cause les bienfaits des formules pour enfants dès lors qu’elles sont utilisées dans des conditions adéquates et reconnaît que certaines entreprises (comme Danone et Nestlé) ont mis en place des politiques assez complètes. En revanche, elle précise que toutes les compagnies analysées montrent des lacunes plus ou moins graves dans l’application de ces politiques sur le terrain. Si le problème n’est pas nouveau (voir IE d’avril-mai 1997), il s’est considérablement accru avec l’explosion du marché, qui a presque quintuplé entre 1998 et aujourd’hui (il devrait atteindre 70 milliards de dollars en 2019), et des budgets publicitaires qui y sont adossés. Aussi l’ONG demande-t-elle aux entreprises de soutenir publiquement le code de l’OMS et de se fixer des objectifs afin de le respecter avec rigueur.