Quatre Académies françaises s’immiscent dans le débat sur la définition des perturbateurs endocriniens

De nombreux pesticides sont soupçonnés de contenir des substances néfastes pour la santé, et en particulier des perturbateurs endocriniens qui, en agissant sur le système hormonal, peuvent augmenter le risque de développer certaines pathologies (cancer, infertilité, obésité…) et des troubles neurologiques. Mais pour décider de les interdire ou non, il est nécessaire de disposer d’une définition des perturbateurs endocriniens basée sur des critères scientifiques. C’est la tâche qui avait été assignée à la Commission européenne après l’adoption du règlement européen sur la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques, en octobre 2009. La Commission avait jusqu’à la fin du mois de décembre 2013 pour se prononcer, mais c’est finalement le 4 juillet 2017 qu’elle a émis sa proposition (IE n° 262). Or, le 4 octobre dernier, les eurodéputés ont rejeté cette définition en estimant notamment que le niveau de preuve nécessaire pour classer une substance comme perturbateur endocrinien était bien trop élevé. Pourtant, le 17 novembre, le Journal officiel de l’Union européenne a publié le règlement sur les biocides (bombes insecticides, produits antipuces, traitements anti-acariens…) sur la base de la définition invalidée. Ce règlement n’étant pas de la même catégorie que le règlement sur les pesticides, il ne nécessite pas l’accord du Parlement. C’est dans ce contexte très polémique que les Académies des sciences, de médecine, de pharmacie et d’agriculture françaises ont interpellé la Commission, fin novembre, en lui demandant de faire prévaloir le principe de précaution et de trancher en faveur de la santé publique dans sa rédaction des critères de définition appliqués aux pesticides. Comme les associations écologiques, elles estiment que les critères exigés par les industriels ne sont pas raisonnables, qu’ils sont trop difficiles à prouver et que les autorités de régulation devraient reconnaître et s’appuyer sur les études existantes (dont celles qui ont donné lieu à des expérimentations animales) pour sélectionner les produits qui semblent les plus toxiques et les soumettre à des recherches complémentaires.