Lutte contre l’obsolescence : un enjeu économique, environnemental et social pour les eurodéputés

Le Parlement européen a adopté, le 4 juillet, une résolution demandant à la Commission de se saisir de la question de la durée de vie des produits. La controverse sur l’obsolescence précoce, voire programmée, des produits n’est pas nouvelle. Cette obsolescence est même soutenue par certains, qui voient dans la rotation rapide des nouvelles versions des produits un facteur essentiel pour le financement de l’innovation. Mais le mécanisme affecte aussi le pouvoir d’achat des consommateurs, il épuise les ressources naturelles et participe à la pollution. Les associations se sont saisies du problème depuis plusieurs années et le bureau Asie du Sud-Est de Greenpeace a publié dernièrement un benchmark des principaux modèles de smartphones, tablettes et ordinateurs portables en fonction de leur facilité de réparation. Il convient de souligner que le marché de la réparation est très lucratif. Aux Etats-Unis, par exemple, le chiffre d’affaires annuel généré par la réparation des téléphones cellulaires s’élèverait à 4 milliards de dollars environ selon le cabinet d’étude et de conseil IBISWorld. Une manne qui a incité les grandes marques, comme Apple, à contrôler fermement leurs réseaux de réparateurs agréés. Réagissant à cet état de fait, des organisations, comme Repair.org aux Etats-Unis, participent à la mobilisation de l’opinion. Celle-ci a conduit, à ce jour, douze Etats américains à introduire des propositions de loi pour faciliter la réparation des appareils par des ateliers indépendants ou par les consommateurs eux-mêmes (voir IE n° 252). Plus près de nous, la Suède a adopté, depuis le 1er janvier, plusieurs mesures destinées à encourager la réparation de produits de consommation courante (réduction de moitié de la TVA sur les frais de réparation de certains objets, déduction de l’impôt de la moitié des coûts de main-d’œuvre entrant dans la réparation des gros appareils ménagers – voir IE n° 244). De son côté, le groupe Seb a décidé, il y a près d’un an, d’étendre à dix ans la « réparabilité » de la plupart de ses produits. Une décision qui, selon la société, permet d’alléger la pression sur les ressources, mais aussi de favoriser l’emploi et de fidéliser la clientèle. Autant d’initiatives qui pourraient inspirer la Commission, dont la réactivité n’est toutefois pas toujours à la hauteur de l’urgence des enjeux.