Le nouvel ensemble LafargeHolcim résout un vieux conflit social en Inde

Selon une étude du V.V. Giri National Labour Institute indien, 45 % des emplois du secteur privé relèveraient, en Inde, d’emplois sous contrat (contract labour), c’est-à-dire conclus auprès de sociétés qui proposent leurs services à l’entreprise dans laquelle ils interviennent. Ce contexte de précarité, même s’il est encadré par la législation (notamment par le Contract Labour Regulation and Abolition Act, 1970), génère de nombreuses dérives. C’est le cas dans l’industrie cimentière. Le géant suisse Holcim, qui a fusionné avec Lafarge le 10 juillet 2015, a ainsi fait l’objet, en 2012, d’une plainte, déposée auprès du Point de contact national suisse (PCN), pour trois violations des Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales par deux de ses filiales indiennes (ACC Jamul et Ambuja Cement Ltd) : emploi précaire au sein d’activités essentielles des filiales visées, discrimination des travailleurs basée sur l’emploi, emploi insuffisant pour les populations locales. Au début du mois de février, le syndicat international IndustriALL Global Union et le syndicat indien Pragatisheel Cement Shramik Sangh (PCSS) ont annoncé qu’un accord équitable avait été conclu avec la direction d’ACC Jamul, où quelque 1 000 emplois sous contrat, soit les trois quarts de l’ensemble de la main-d’œuvre du site, étaient menacés. Cet accord prévoit notamment la répartition de 536 salariés sur l’ancien et le nouveau site d’ACC, et une prime de départ ainsi qu’un soutien pour la réinsertion de 458 autres. Il intègre également le réajustement progressif des rémunérations des salariés en sous-traitance. Lors de l’assemblée générale de Lafarge, le 7 mai dernier, son président, Bruno Lafont, a d’ailleurs été interrogé par un actionnaire sur les conditions de travail des ouvriers sous contrat de son futur partenaire Holcim. Il a répondu que le conseil d’administration n’avait pas connaissance des faits incriminés, mais que la fusion permettrait de sélectionner les meilleures pratiques des deux groupes. Peut-être s’agit-il d’un premier résultat de la sélection annoncée !