Le recyclage des terres rares, victime de la baisse de leur prix, mais pas uniquement

Les terres rares rassemblent un groupe de 17 métaux, dont les propriétés les rendent indispensables dans une économie moderne et les classent parmi les métaux stratégiques. Contrairement à leur appellation, les terres rares sont plutôt abondantes dans l’écorce terrestre. Mais leur extraction et leur raffinage sont délicats, et la décision, en 2011, de la Chine, qui détient un quasi monopole au niveau de la production mondiale, de réduire considérablement ses exportations a provoqué une flambée du prix de ces métaux. Cela a conduit plusieurs pays à relancer l’exploration, mais aussi certaines sociétés à investir dans des solutions de recyclage de produits contenant des terres rares. C’est le cas de Solvay, qui avait ouvert des ateliers de recyclage des métaux contenus dans les ampoules basse consommation à La Rochelle (Charente-Maritime) et à Saint-Fons (Rhône). Mais depuis, les cours sont revenus à des prix nettement inférieurs et le remplacement progressif des ampoules basse consommation par des LED diminue les sources de « matières premières » nécessaires au procédé. Aussi la société a-t-elle annoncé la fermeture de ses deux unités, qui emploient une quarantaine de salariés, d’ici à la fin de l’année. Les fluctuations du prix des matières premières et leur tendance baissière actuelle menacent donc la rentabilité et la pérennité de nombreuses filières de recyclage. Mais si les cours dépendent de l’équilibre entre l’offre et la demande (en baisse à cause du ralentissement de l’économie mondiale), ils sont également influencés par d’autres facteurs, comme les dépenses consenties pour la protection de l’environnement et les conditions de travail. Et en ce qui concerne les terres rares, les conséquences sur l’environnement (rejets de métaux lourds, d’acide sulfurique, d’éléments radioactifs…) et la santé humaine sont particulièrement sévères, comme en témoignent les reportages réalisés sur certains gisements, tels ceux de Baiyun-Obo en Mongolie intérieure. En d’autres termes, moins on investit pour protéger l’environnement et les conditions de travail, moins les activités de recyclage sont viables. Un cercle vicieux dont il pourrait être pertinent de sortir.